« Dis, maman, pourquoi je suis pas un garçon ? » En octobre 1987, la nouvelle bombe de Mylène Farmer est lancée : « Sans contrefaçon », tube polisson et furieusement entêtant, fait rapidement un carton : « Puisqu’il faut choisir / A mots doux je peux le dire / Sans contrefaçon / Je suis un garçon / Et pour un empire / Je ne veux me dévêtir / Puisque sans contrefaçon / Je suis un garçon. » Le titre fait un clin d’œil au personnage du chevalier d’Eon, alias Charles Beaumont, un espion du 18e siècle qui avait pour habitude de se travestir pour obtenir ses renseignements.
« Sans contrefaçon » est une chanson importante à plus d’un titre. D’une part, elle rompt radicalement avec les tubes ténébreux tels « Libertine » et « Tristana », prouvant que le duo Farmer-Boutonnat sait changer de répertoire tout en restant efficace. D’autre part, son thème ambigu vaut à la chanteuse l’adhésion massive du public homosexuel. Le titre annonce enfin le second et très attendu album, dont il constitue le premier extrait. Promotion oblige, Mylène multiplie les apparitions à la télé. Et c’est sous les traits d’un adorable garçon (costard à carreaux et casquette vissée sur la tête) qu’elle effectue une chorégraphie fluide et ludique, accompagnée par ses danseurs. A Nulle part ailleurs (à l’époque de « l’âge d’or » de ce programme décapant, présenté par Philippe Gildas et les Nuls, elle annonce, entre autres, qu’elle a fait l’acquisition d’un second singe, Léon !
Elle quitte néanmoins momentanément son habit de Poulbot pour participer aux Oscars de
la Mode
, toujours en octobre, où elle s’acquitte avec panache d’une dynamique interprétation du classique de Juliette Gréco : « Déshabillez-moi ». A la même époque, la chanson est également reprise par la chanteuse Patti Layne : c’est finalement cette dernière qui a les honneurs des radios, puisque Mylène ne sort pas ce titre en 45 tours (il est néanmoins disponible sur un maxi).